Tendance Clean Girl et mode monochrome : le nouveau code du luxe silencieux en 2025

Depuis plusieurs saisons, la mode semble avoir fait le choix de l’épure. Le beige, le blanc cassé, le gris perle et les coupes nettes dominent les collections, les feeds Instagram et les campagnes des marques de luxe. Plus qu’une tendance esthétique, cette sobriété visuelle répond à une logique culturelle, sociale et économique. Au cœur de ce phénomène : le style dit “clean girl”, incarnation d’un luxe silencieux, rigoureusement calibré.

Une esthétique codifiée : sobriété, pureté, perfection

L’esthétique “clean girl” repose sur une base très structurée : un maquillage glowy mais imperceptible, des cheveux parfaitement lissés ou attachés, une peau nette, et une tenue monochrome dans les tons neutres. Cette sobriété construite est tout sauf naturelle. Elle requiert temps, maîtrise, connaissance des codes, et accès à certaines marques de luxe ou à des produits skincare/coiffure haut de gamme.

Dans cette logique, les maisons comme The Row, Bottega Veneta ou encore Jil Sander ont su imposer une grammaire visuelle qui résonne avec les valeurs de discrétion, d’élégance non ostentatoire, et de désirabilité soft power.

Le monochrome : entre neutralité et pouvoir

Porter du beige de la tête aux pieds n’est pas anodin. Cette neutralité visuelle devient un outil de distinction sociale dans un contexte saturé d’images. Le monochrome exprime une posture : celle d’une personne qui n’a pas besoin de démontrer son statut pas l’accumulation de logos ou l’exubérance stylistique.

Cette approche est influencée par les stratégies de certaines grandes maisons, qui préfèrent miser sur la qualité des matières, la coupe et la durabilité plutôt que sur l’hyper-visibilité. Dans un monde post-pandémie, où la consommation est plus consciente, le luxe se veut plus “intérieur” que “vitrine”.

Un standard aspirational dopé par les réseaux

La prolifération de l’esthétique clean sur Instagram et TikTok en fait un nouveau standard aspirational. Ce style est massivement repris par les influenceuses mode et beauté, souvent associé à des routines matinales codifiées, des espaces de vie dépouillés, et des marques de niche.

Cette représentation ultra-maîtrisée du soi s’aligne parfaitement avec les attentes des marques de luxe : être désirables sans être bruyantes. L’influence est plus subtile, plus lifestyle que commerciale. Cela permet de créer un lien affectif avec une cible jeune, éduquée, connectée, mais exigeante sur l’authenticité perçue.

Une esthétique critiquée ?

Cependant, cette esthétique n’est pas exempte des critiques. On lui reproche souvent son manque de diversité, sa vision très européo-centrée de la beauté, ou encore une standardisation trop rigide des corps et des styles. Le minimalisme peut aussi devenir un nouveau conformisme, où l’individualité est gommée au profit d’une image lisse et socialement “safe”.

Conclusion : un luxe stratégique et silencieux

Loin d’être anodine, l’esthétique clean girl et la mode monochrome témoignent d’un tournant dans la façon dont le luxe se raconte : plus discret, plus intellectuel, plus introspectif. C’est une esthétique qui parle à celles et ceux qui veulent être vus… sans s’exposer.

Pour les marques, c’est aussi un outil stratégique puissant : celui de l’influence tranquille, mais constante.

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